Interview – Jérémie Touzé, co-fondateur de MathLive, la plateforme qui fait aimer les maths
Faire coopérer les élèves pour résoudre un problème de mathématiques, voilà peut-être la solution pour rendre cette matière ludique. C’est en tout cas ce que propose MathLive. Après plus de deux ans d’accompagnement par l’incubateur Belle de Mai – d’abord via la Manufacture puis le programme 1024 – la plateforme est opérationnelle. Et bientôt disponible aussi pour la SVT. Jérémie Touzé, l’un des deux cofondateurs, revient sur le chemin parcouru.
Peux-tu présenter MathLive ?
C’est un outil numérique qui permet de réaliser des activités collaboratives et ludiques en classe de mathématiques. Concrètement, les élèves coopèrent pour résoudre un problème et la plateforme traite et affiche en temps réels la mise en commun de leurs résultats. Je l’avais initialement pensée pour partager des protocoles de recherche scientifique. Quand j’en ai parlé à Robin Granda, mon associé qui est enseignant agrégé de mathématiques, il a eu l’idée de la décliner pour ses cours. On a alors développé un premier prototype que l’on a expérimenté en avril 2019 avec ses élèves. Ça a si bien marché qu’on s’est lancés ! On a créé notre société, Heureux Hasard, début 2021.
Pourquoi avoir décidé d’être accompagnés par un incubateur ?
On s’est vite rendu compte que l’on était une équipe technique et pas business et qu’il était nécessaire qu’on soit épaulés. En faisant des recherches, j’ai découvert l’incubateur Belle de Mai et son programme La Manufacture, similaire à une « pré-incubation ». Il accompagne les projets dans le numérique et les médias avec une dimension de recherche, ce qui collait avec MathLive. On a donc postulé et été pris pour la session de septembre à décembre 2019.
Que retiens-tu de ces quatre mois ?
Beaucoup de positif. La méthodologie est très bonne et fait prendre conscience des principes de l’entreprise, des grandes bases de l’entrepreneuriat et du développement de projet. Des choses qui nous étaient totalement inconnues ! Je recommande vivement ce programme à tous ceux qui n’ont pas ces notions.
La plateforme MathLive n’a, elle, pas évolué pendant la Manufacture, mais ces quatre mois nous ont permis de comprendre notre marché, celui de l’éducation, d’apprendre à l’adresser. On est allés à la rencontre de plein d’interlocuteurs. C’est une période qui a demandé pas mal d’investissements en termes de temps et de réflexion. Il faut, je pense, s’y consacrer à 100% pour bien avancer, comme le préconisent d’ailleurs les chargés d’affaires. Ces derniers nous suivaient de près, même si on ne les voyait qu’un après-midi par semaine pour une session collective.
Vous avez ensuite embrayé sur l’étape suivante : le 1024, le programme d’incubation à proprement parler…
Oui et la Manufacture a été extrêmement fondamentale et formatrice pour y parvenir. On ne se rendait pas compte à ce moment-là que notre projet était vraiment très jeune et qu’il y avait tout à construire. L’incubateur Belle de Mai nous rappelait constamment les choses essentielles à faire et à ne pas oublier pour rester centrés sur le développement de MathLive. Ça nous a donné un cadre, nous a aiguillés.
Quelles différences finalement entre la Manufacture et le programme 1024 ?
Le 1024 a été la continuité de la Manufacture. Avec toutefois moins d’accompagnement car on n’avait plus ce rendez-vous hebdomadaire et obligatoire avec les chargés d’affaires. On a davantage été livrés à nous-mêmes, il y avait moins de points d’étape. Ça ne nous a pas empêchés d’avancer, au contraire ! Pendant les deux années de notre incubation, on a continué à appréhender notre marché. Ça nous a permis d’identifier à qui on pouvait vendre quoi et de signer notre premier contrat fin 2021. La plateforme a également évolué. À grand renfort de programmation et R&D, on l’a enrichie de sorte à ce qu’elle réponde au maximum aux attentes des utilisateurs, à savoir les enseignants et les élèves.
Quelles sont les prochaines étapes pour MathLive ?
La plateforme est pour l’instant gratuite mais sera à terme modélisée en freemium. On l’a présentée à différentes structures, comme des universités, en leur proposant de la moduler en fonction de leurs besoins. Notre but est de poursuivre son développement et de la dupliquer pour d’autres disciplines scientifiques. Ce sera le cas pour la SVT d’ici avril-mai puis la physique-chimie dans les mois à venir.
Merci pour ce témoignage Jérémie, bonne continuation !