Bourse French Tech de Bpifrance Paca : Au delà de la techno
Annoncée par le réseau Bpifrance en début d’année, la bourse French Tech a trouvé ses premiers bénéficiaires en Région PACA ce printemps. Les chiffres sont prometteurs : cette année, 800 000€ seront investis sur 25 à 30 projets régionaux. Avec une particularité de taille : pour la première fois, Bpifrance viendra en aide à des entrepreneurs qui sortent du champ des technologies innovantes. Un véritable contre-pied pour une institution qui se place historiquement au chevet des TIC.
Quelle mouche les a piqués ? « Nous sélectionnons des projets innovants sur le plan technologique depuis des années. » Claude Laï est chargé d’affaires pour Bpifrance en Paca. « Nous remarquons de plus en plus que grâce au numérique, des projets, en lien avec des technologies sans être technologiquement innovants, font de très belles trajectoires. Il était vraiment dommage de ne pas les accompagner. »
La voilà l’audace. Arrêter de ne se concentrer que sur les innovations technologiques et envisager les autres. Les petites révolutions dans les usages, dans les procédés et dans les services. Mais aussi dans la manière d’aborder les marchés, dans la conception de nouveaux modèles économiques.
Claude Laï en est convaincu, l’innovation non-technologique ne doit pas être mise de côté.
Mais qui sont-elles ces fameuses pépites qui – sortant de l’innovation technique – ont suscité l’émoi de ces spécialistes des TIC ? « Ces projets sont confidentiels, il m’est difficile de faire des généralités », tranche l’expert. On a quand même réussi à avoir un nom.
BizMeeting*, solution innovante et lauréat de la bourse French Tech
Il s’appelle Loïc Passemard et il a fondé au printemps BizMeeting. « BizMeeting évolue dans l’univers de la réunion professionnelle et des séminaires. Nous proposons aux professionnels du secteur des solutions très innovantes visant d’une part à simplifier la réservation d’une réunion ou d’un séminaire (entreprises, agences de voyages et évènementielles), et d’autre part à promouvoir les lieux de réunions (hôtels, châteaux, centres d’affaires….). »
Ce serait tricher que d’omettre de préciser que Bizmeeting utilise aussi une technologie. Une base de données unique en son genre qui tire le meilleur parti de l’open data. Une galaxie de sites web mise en place grâce à une techno développée en interne.
Mais l’entreprise ne s’est pas uniquement concentrée sur la technique. Elle a su créer de l’innovation d’usage, elle a su penser son modèle économique. Voilà ce qui a poussé Bpifrance à lui accorder sa confiance. « L’obtention de la Bourse French Tech va nous permettre de valider notre modèle économique auprès des professionnels du secteur via le lancement de différents tests, de différentes études », complète l’entrepreneur.
800 000€ pour 25 à 30 projets prometteurs
Mais revenons à la base. Qu’est donc la bourse French Tech ? « C’est un dispositif inédit de soutien à l’innovation non technologique ». De manière plus pragmatique, c’est une aide offerte aux porteurs de projets pour couvrir jusqu’à 30 000€ des dépenses liées à la gestation de leur future entreprise. Avec une enveloppe annuelle nationale globale de 10 millions d’euros, Bpifrance a vu les choses en grand.
Cette somme est ensuite répartie entre les différentes antennes régionales de Bpifrance. « En fonction de la taille et du potentiel de chaque région », explique Claude Laï. Pour la région Paca, c’est 800 000€ qui sont alloués, « de quoi aider entre 25 et 30 entrepreneurs à pérenniser leur activité », complète le chargé d’affaires.
Quant à savoir qui peut bénéficier de cette aide, au delà de l’injonction du caractère non technologique, les pré-requis imposés par Bpifrance sont peu nombreux. « La sélection se fait beaucoup sur l’idée, au cas par cas », précise Claude Laï. Ainsi, peut prétendre à la bourse French Tech, toute entreprise créée il y a moins d’un an ou tout porteur de projet soutenu par une structure d’accompagnement de l’innovation (pour les détails des critères d’attribution, rendez-vous sur le site de Bpifrance).
Une aide financière et un accompagnement
Aujourd’hui, rien qu’en région Paca, 6 chargés d’affaires accompagnent déjà une dizaine de lauréats de la bourse French Tech. Parce qu’avec l’initiative French Tech, il n’est pas seulement question de financement. « Nous travaillons avec le porteur de projet sur la répartition de cette aide. Nous étudions avec lui les priorités, nous l’aidons à valider les compétences des prestataires. ».
Et quelles sont-elles ces priorités ? « La plupart du temps, il faut avant tout asseoir l’offre de marché ou si c’est déjà le cas, sécuriser la position de l’entreprise sur son marché. Commencer par structurer l’offre pour ensuite, si besoin est, aider à réaliser les prestations techniques. »
De la sélection à l’accompagnement, tout le savoir-faire du chargé d’affaires
Si on s’attarde généralement sur l’innovation et sur celui qui la porte, on ne s’intéresse que rarement au chargé d’affaires qui y a cru. A ce personnage de l’ombre qui a accordé sa confiance à un entrepreneur et à un projet et qui l’a aidé à prendre corps.
Claude Laï est un de ces hommes des coulisses. Quant à savoir comment il distingue le projet porteur de l’idée qui s’essoufflera, le chargé d’affaires botte en touche. « Il n’y a pas de recette miracle. C’est presque une question de feeling. Surtout lorsque l’on sort du champ des technologies. »
Car si la valeur d’un bon projet technologique est plus facile à apprécier – il se protège naturellement de la concurrence par son caractère technologiquement novateur – , il en est autrement des innovations d’usage, de procédé ou de service. « Lorsque l’on considère un projet, il faut être en mesure de valider 5 points pour l’estimer viable. Si l’on peut parfois transiger devant une techno particulièrement innovante, ce n’est pas le cas en ce qui concerne la majorité des prétendants à la bourse French Tech. »
5 aspects d’un même projet, 5 critères à valider
La technique. Le financement. Le marché. L’équipe. Le juridique. 5 aspects d’un même projet, 5 critères à valider pour s’assurer une bonne trajectoire d’entreprise. « Il faut valider ces 5 points. Si l’un d’entre eux pêche, on va tenter d’y travailler. Reste qu’il faudra arriver à résoudre le problème. Sinon, c’est l’échec. »
C’est là que le savoir-faire du chargé d’affaires entre en jeu : arriver à discerner rapidement si les 5 critères sont réunis et sinon, sentir si la faille est résorbable ou si la lacune va couler le projet dans son ensemble. « Ce n’est pas inné. Pour apprécier rapidement un projet, il faut surtout bien connaître ses marchés. L’expérience, les années, font le reste. »
*Bizmeeting est actuellement incubée à l’Incubateur Belle de Mai