Même après 12 ans, 2 levées de fonds, il reste encore du chemin à parcourir
Interview de Yann Le Fichant
Les entreprises dans le secteur du numérique ont pour réputation d’avoir une durée de vie très courte, Vox inzebox qui fête ses 12 ans prouve le contraire. Rétrospective des grandes étapes par le fondateur et PDG, Yann Le Fichant.
Vox inzebox fête ses 12 ans, pouvez-vous nous parler des grandes étapes, de sa création à son développement ?
L’idée nous est venue en avril 2000. Dès le départ, nous voulions proposer des visites de lieux touristiques via le téléphone portable. Notre innovation ne résidait pas dans la technologie mais plutôt dans l’usage et les contenus. Nous nous sommes appropriés les technologies existantes pour apporter un service à haute valeur ajoutée aux utilisateurs. Les contenus, les visites que nous avons proposés étaient très différents, plus proches du reportage radio que du guide touristique standard.
L’année 2000, tout le monde s’en souvient, c’était l’explosion d’internet, une époque faste pour les startups. Nous participions aux fameux « happy Tuesday » avec des centaines d’autres entrepreneurs pour rencontrer des investisseurs. A cette époque, de jeunes créateurs ambitieux, sur une simple idée, pouvaient lever des dizaines de millions de francs. Il y avait une énergie monstrueuse. C’est à cette époque que j’ai rencontré Bertrand Bigay, fondateur de Cityvox, avec qui nous avons toujours travaillé en étroite relation.
Vox inzebox est née en novembre 2000 avec un capital social de 25 000 frs composé de nos fonds propres et de ce qu’on appelle la « love money ». C’était déjà une société anonyme pour anticiper l’arrivée d’investisseurs. Et puis il y a eu l’explosion de la bulle internet…Et là, finies des levées de fonds à 10 Millions de francs … Il a fallu revoir notre prévisionnel de développement sans ça. Nous avons dû changer notre image – il ne faisait pas bon d’être une startup dans le numérique.
D’un modèle Business to Consumer, nous avons évolué vers un modèle Business to Business. Cette solution nous permettait de générer du chiffre d’affaires même si le temps de négociation était plus long en s’attaquant aux collectivités et lieux touristiques.
Premier service disponible en mai 2001 : visite de Notre Dame de la Garde à Marseille et le quartier Montmartre à Paris.
Nous avons autofinancé ces deux lieux phares, notamment grâce à l’aide de l’Incubateur Belle de Mai. C’était en quelque sorte notre preuve de concept. Nous avons travaillé avec un sociologue pour valider l’impact de notre service innovant.
Cela a été un succès médiatique fulgurant. Presse locale, nationale, internationale – BBC, ZDF, Newsweek … – télévision, magazine … C’était une première mondiale. France Info nous a même décerné le prix de l’entrepreneur de l’année. Mais rien n’était gagné. Le trafic n’a pas été à la hauteur. Les utilisateurs avaient peur que ça leur coûte trop cher. Les usages du mobile n’étaient pas développés comme aujourd’hui.
Notre ADN innovant, avec un peu de technologies et beaucoup d’innovation d’usages associés à notre flexibilité de startup, nous a permis de surfer sur les différentes vagues High Tech. Nous étions les premiers à proposer des visites vidéo pour les pockets PC.
2003 : première levée de fonds
En 2004, c’est pour les GPS que nous avons continué à développer des contenus touristiques.
Il était nécessaire pour notre survie d’innover sans arrêt et de nous adapter aux supports. C’était notre argument de vente pour palier au manque de trafic. Toujours avoir un temps d’avance. Au-delà des contenus réalisés, nous sommes également les garants de l’image de marque de nos clients. Avec nos innovations, c’est la promotion de leur territoire que nous réalisons.
Nous avons fait notre apparition sur internet en 2006. Cela peut paraitre tardif mais c’était notre volonté d’être uniquement sur les plateformes mobiles. Avec la qualité et le volume de destinations disponibles, il s’est avéré pertinent de les déporter sur des portails partenaires à gros trafic comme Orange, Voyage-sncf ou encore La Poste. Cette visibilité accrue a renforcé notre crédibilité auprès de nos clients et leur a garanti une diffusion massive.
2006, c’est aussi l’année de la création de la marque Zevisit. Notre modèle économique a commencé à porter ses fruits et nous avons fait notre deuxième levée de fonds.
L’arrivée des smartphones, mais surtout de l’iPhone puis d’android, a démocratisé l’usage du mobile pour le tourisme. Avec nos centaines d’applications et nos milliers de contenus disponibles dans le monde entier, tout le monde peut avoir une de nos visites dans sa poche.
2009 : troisième levée de fonds.
Aujourd’hui, nous proposons régulièrement de nouveaux contenus innovants et de plus en plus de lieux.
Vox inzebox a été créée à Marseille alors que vous n’êtes pas Marseillais. Qu’est-ce qui vous a fait venir et surtout rester ?
En 2000, Marseille avait pour ambition d’être la ville de « eTourisme », une pièce maitresse dans le monde des nouvelles technologies. Cela nous a attiré ici. Puis il y a eu la pépinière Marseille Innovation et l’Incubateur Belle de Mai. Et, il faut l’avouer, il fait bon vivre à Marseille. Marseille a été un de nos premiers clients par facilité – on était sur place.
Aujourd’hui, avec plus de 4500 lieux référencés, notre business n’est plus à Marseille …
Nous avons tissé des liens forts avec les entreprises qui sont passées au Pôle Média Belle de Mai : Cityvox, Lexis numérique, Mailclub, Idova … Nous sommes peut-être l’entreprise qui a le plus collaboré avec « ses voisins ». J’ai aussi été à l’origine de la création de Medmultimed, l’association des professionnels du multimédia et de l’internet en PACA (aujourd’hui intégrée dans PRIMI) Nous avons aussi travaillé avec la Friche, ZINC ou encore Radio Grenouille. Nous sommes donc très ancrés dans le quartier même si nos clients sont ailleurs.
12 ans, c’est quand même un beau parcours ?
Même après 12 ans, 2 levées de fonds, il reste encore du chemin à parcourir. La réussite reste relative, nous ne sommes pas Google. J’avais espéré aller plus loin, plus vite, même si le chemin parcouru est déjà bien. Je n’ai pas encore la possibilité d’être serein, c’est un combat de tous les jours. Rien n’est jamais gagné.
A découvrir : http://www.voxinzebox.com/